dimanche 2 septembre 2012

Droite Américaine et Droite Française.


Comme la plupart d'entre-vous le savent probablement, la Convention Républicaine s'est réunie il y a peu à Tampa en Floride afin d'officialiser la candidature de Mitt Romney à l'élection présidentielle en Novembre prochain face au candidat sortant Barack Obama.

Le parcours de Mitt Romney fut loin d'être facile et il ne parvient d'ailleurs toujours pas à faire l'unanimité au sein du camp républicain. On lui reproche en particulier son charisme quasi inexistant qu'il a eu bien du mal à dissimuler face à son plus solide rival, l'ultra-conservateur et charismatique Rick Santorum. Mais comme on le sait, celui qui gagne aux Etats-Unis, c'est celui qui a le plus d'argent et à ce petit jeu, le suspens ne pouvait être que de courte durée... Or une certaine partie de la droite française, que l'on pourrait qualifier de «  Libérale-Conservatrice » semble de plus en plus motivée et déterminée à apporter son soutien de manière explicite à la candidature républicaine de M Romney. En apparence, cette union des droites atlantistes semble positive, mais si on dépasse la composante de la communication pour plus s'intéresser au fond des idées et des philosophies politiques ( oui, il faut aussi réfléchir en politique...), on peut véritablement s'interroger sur la pertinence d'une telle démarche. Certes, la France et les Etats-Unis ont toujours tissé des liens étroits depuis Lafayette et Benjamin Franklin et leurs constitutions respectives, bien que différentes, partagent des sources d'inspiration assez proches.

Cependant, bien que la pluralité idéologique des droites françaises soit une réalité incontestable grâce en particulier au formidable travail de René Rémond, elles considèrent toutes ( mis à part l'aile légitimiste contre-révolutionnaire) l'héritage des Lumières et de la Révolution Française comme fondamental à travers les vecteurs de progrès, de justice sociale, d'état de droit et d'humanisme. Ces droites (orléaniste et bonapartiste) considèrent la République comme le meilleur système politique ( ou le moins pire ) basé sur l'idée que la quête de l'intérêt général doit demeurer la priorité absolue. Cette aspiration de la quête de l'intérêt général est en théorie partagé par les républicains américains. Cependant, cette théorie, une fois de plus, est assez vite contrariée par un ensemble de faits. En effet, la droite américaine, surtout depuis qu'elle est influencée par le Tea Party, devient de plus en plus libertarienne et aimerait mettre le pouvoir central de Washington au placard et laisser chaque état faire sa cuisine librement de son côté sans aucune contrainte( ce qui est déjà en partie le cas).

D'autre part, son libéralisme sans aucune limite l'empêche de véritablement développer une politique de justice sociale permettant même aux plus humbles d'avoir accès à la dignité et aux soins. Enfin, n'oublions pas que le conservatisme religieux joue un rôle fondamental outre-atlantique ce qui a pour conséquence majeure une méfiance voire défiance naturelle envers la Science. L'exemple de la propagation de la pensée Créationniste étant un exemple parmis tant d'autres. Or, du côté français, la droite républicaine s'efforce avec plus ou moins de succès de parvenir à un équilibre consistant en un état fort détenteur des fonctions régaliennes mais où l'initiative et la liberté d'entreprendre sont plus que tout encouragées. Bien évidemment, cet idéal est fragile et loin d'être atteint pour de multiples raisons qui ne font pas l'objet de cet article. Enfin, bien qu'il existe une certaine échelle des conservatismes en France, nul ne remet plus en question le Darwinisme et la Science parvient de plus en plus à se faire entendre à un tel point qu'on en arrive même à l'autre extrême, un propos devenant immédiatement crédible et vrai pour le simple fait qu'on invoque une quelconque «  approbation scientifique » jusque dans la publicité...

Pour toutes ces raisons évoquées précédemment, il ne me semble pas judicieux de la part de la droite républicaine française, même de son aile la plus libérale, d'apporter son soutien officiel à Mitt Romney. Elle y perdrait peut-être une part d'elle-même, une part de son humanisme voire de son universalisme, mais en constatant la nature des débats idéologiques actuels, peut-être est-ce déjà trop tard...