Comme
la plupart d'entre-vous le savent probablement, la Convention
Républicaine s'est réunie il y a peu à Tampa en Floride afin
d'officialiser la candidature de Mitt Romney à l'élection
présidentielle en Novembre prochain face au candidat sortant Barack
Obama.
Le
parcours de Mitt Romney fut loin d'être facile et il ne parvient
d'ailleurs toujours pas à faire l'unanimité au sein du camp
républicain. On lui reproche en particulier son charisme quasi
inexistant qu'il a eu bien du mal à dissimuler face à son plus
solide rival, l'ultra-conservateur et charismatique Rick Santorum.
Mais comme on le sait, celui qui gagne aux Etats-Unis, c'est celui
qui a le plus d'argent et à ce petit jeu, le suspens ne pouvait être
que de courte durée... Or une certaine partie de la droite
française, que l'on pourrait qualifier de «
Libérale-Conservatrice » semble de plus en plus motivée et
déterminée à apporter son soutien de manière explicite à la
candidature républicaine de M Romney. En apparence, cette union des
droites atlantistes semble positive, mais si on dépasse la
composante de la communication pour plus s'intéresser au fond des
idées et des philosophies politiques ( oui, il faut aussi réfléchir
en politique...), on peut véritablement s'interroger sur la
pertinence d'une telle démarche. Certes, la France et les Etats-Unis
ont toujours tissé des liens étroits depuis Lafayette et Benjamin
Franklin et leurs constitutions respectives, bien que différentes,
partagent des sources d'inspiration assez proches.
Cependant,
bien que la pluralité idéologique des droites françaises soit une
réalité incontestable grâce en particulier au formidable travail
de René Rémond, elles considèrent toutes ( mis à part l'aile
légitimiste contre-révolutionnaire) l'héritage des Lumières et de
la Révolution Française comme fondamental à travers les vecteurs
de progrès, de justice sociale, d'état de droit et d'humanisme. Ces
droites (orléaniste et bonapartiste) considèrent la République
comme le meilleur système politique ( ou le moins pire ) basé sur
l'idée que la quête de l'intérêt général doit demeurer la
priorité absolue. Cette aspiration de la quête de l'intérêt
général est en théorie partagé par les républicains américains.
Cependant, cette théorie, une fois de plus, est assez vite
contrariée par un ensemble de faits. En effet, la droite américaine,
surtout depuis qu'elle est influencée par le Tea Party, devient de
plus en plus libertarienne et aimerait mettre le pouvoir central de
Washington au placard et laisser chaque état faire sa cuisine
librement de son côté sans aucune contrainte( ce qui est déjà en
partie le cas).
D'autre part, son libéralisme sans aucune limite
l'empêche de véritablement développer une politique de justice
sociale permettant même aux plus humbles d'avoir accès à la
dignité et aux soins. Enfin, n'oublions pas que le conservatisme
religieux joue un rôle fondamental outre-atlantique ce qui a pour
conséquence majeure une méfiance voire défiance naturelle envers
la Science. L'exemple de la propagation de la pensée Créationniste
étant un exemple parmis tant d'autres. Or, du côté français, la
droite républicaine s'efforce avec plus ou moins de succès de
parvenir à un équilibre consistant en un état fort détenteur des
fonctions régaliennes mais où l'initiative et la liberté
d'entreprendre sont plus que tout encouragées. Bien évidemment, cet
idéal est fragile et loin d'être atteint pour de multiples raisons
qui ne font pas l'objet de cet article. Enfin, bien qu'il existe une
certaine échelle des conservatismes en France, nul ne remet plus en
question le Darwinisme et la Science parvient de plus en plus à se
faire entendre à un tel point qu'on en arrive même à l'autre
extrême, un propos devenant immédiatement crédible et vrai pour le
simple fait qu'on invoque une quelconque « approbation
scientifique » jusque dans la publicité...
Pour
toutes ces raisons évoquées précédemment, il ne me semble pas
judicieux de la part de la droite républicaine française, même de
son aile la plus libérale, d'apporter son soutien officiel à Mitt
Romney. Elle y perdrait peut-être une part d'elle-même, une part de
son humanisme voire de son universalisme, mais en constatant la
nature des débats idéologiques actuels, peut-être est-ce déjà
trop tard...
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