Avant toute
chose, face à une problématique au lexique si riche, tâchons de
définir avec précision et sans ambiguïté les concepts ici évoqués.
Le
Volontarisme politique consiste en la conviction que l'action
politique, elle-même instrument de la volonté, a vocation à
modifier ou faire évoluer la réalité dans son acceptation la plus
large, à favoriser le changement de paradigme. En s'inspirant de
Schopenhauer, le volontarisme politique prône alors l'ascendant de
la volonté sur toute représentation. Ce Volontarisme spécifique ne
doit alors aucunement être confondu avec le volontarisme
philosophique ou littéraire qui lui, lié à ce qu'on appellera plus
tard les « radicalités existentielles », développe un
discours libertarien de méfiance envers tout pouvoir politique et se
place donc en opposition radicale avec la première conception ici
développée.Ces précisions étant faites, la question est alors de
se demander par quels outils et par quels moyens une telle doctrine,
une telle conviction, est en mesure d'apporter une réponse concrète
et efficace aux divers et préoccupants problèmes soulevés par la
crise économique, la crise de la dette et la crise politique.
Afin
de répondre à cette question, je me permets de citer préalablement
Edmund Burke: « Pour que le mal triomphe seule suffit
l'inactivité des gens de bien ». Cette citation est
révélatrice à elle seule des mécanisme et dysfonctionnements
politiques et idéologiques qui ont rendu possible la situation
politique, sociale et économique actuelle que nous connaissons en
Occident tout particulièrement. En effet, comment renouer avec le
volontarisme politique ? Tout simplement en le comprenant dans sa
nature profonde afin de saisir enfin le champ des possibles de ses
potentialités et le rendre enfin actif, opératif et plus seulement
figuratif ! En effet,l'erreur la plus fatale fut de croire que parce
que le volontarisme place par définition la volonté au coeur de son
raisonnement, il en exclut nécessairement la raison ! Autrement dit,
on oppose l'action d'une part et la réflexion, l'activité
intellectuelle d'autre part ce qui revient tout simplement à
dissocier le fond de la forme ! Cette dichotomie ne peut mener qu'à
l'échec dans le domaine politique et je m'en explique immédiatement
:
Les
peuples aspirent de toute évidence à voter pour des représentants
charismatiques, porteurs d'enthousiasme et d'espoir et ces évidences
n'échappent bien évidemment pas à la classe politique dans sa
totalité. Cependant, le temps passé en tribune ou en meeting n'est
pas du temps passé à l'établissement d'un programme complet,
ambitieux et réalisable mais bien au delà de cela, ce n'est
également pas du temps consacré à l'édification de sa pensée
propre, de son idéologie et pourrais-je même dire, de sa vision de
l'Etat, de la République, de l'Europe ou même du Monde.
L'importante pression exercée aujourd'hui par les médias sur les
Hommes et Femmes à hautes responsabilités ne faisant qu'accentuer
ce phénomène.
On comprend alors logiquement que de trop nombreux
représentants et candidats politiques soient allés et aillent
encore se présenter devant le peuple sans substantifique moelle dans
leur pensée,dans leurs idées et dans leurs aspirations. A partir
d'un tel point nodal, l'engrenage infernal est lancé... Le Politique
n'étant plus en mesure de proposer une offre idéologique,
conceptuelle et intellectuelle à destination de l'ensemble de la
société civile, il se voit donc réduit au rôle de récepteur de
doléances et donc d'exécutant d'une volonté globale dont il ne
connait ni la nature réelle ni les ambitions. Mais les choses sont
encore plus graves car tous les individus n'ayant pas les mêmes
possibilités ou les mêmes aptitudes à faire entendre leurs voix et
leurs souhaits, un deuxième déséquilibre qui est celui de la
représentativité civile apparaît postérieurement au premier
déséquilibre évoqué, touchant la représentativité politique. En
un mot, les plus puissants et/ou les plus influents pourront se
permettre d'imposer des mesures servant leurs intérêts propres
auprès d'un dirigeant devenu je le répète simple récepteur de
demandes et qui par absence de pensée propre et stratégie
électoraliste, sera considérablement manipulable et nullement en
mesure de réagir.
A
un tel stade, la démocratie ne peut plus exister car elle est
confrontée à une profonde dénaturation de la volonté générale
qui devient volonté de certains et dégénère alors en ce que
Rousseau dans son Contrat Social qualifie d'ochlocratie. La
volonté générale devient alors soit volonté d'un groupe ou
volonté de tous. Ainsi donc, on voit que par l'absence de pensée
propre, de vecteur d'avenir et d'offre politique conjuguée à une
vision strictement à court-terme, suffisante le plus souvent en vue
de satisfaire des ambitions personnelles, la représentativité et la
crédibilité du politique ne cessent de baisser au cours du temps en
favorisant tout naturellement la tutelle de ce même politique à
divers groupes, lobbys voire institutions. La Structure actuelle de
l'Union Européenne, de type fédérale, favorisant de plus un
pouvoir central incarné par la Commission Européenne au détriment
des pouvoirs des gouvernements respectifs des Etats-Nations membres
de cette union est un exemple révélateur parmi tant d'autres de la
situation que je viens de décrire. Mais au delà de cette tutelle
déjà inacceptable, la perte de représentativité évoquée
précédemment engendre de manière logique un mécontentement voire
une colère populaire qui s'ils sont laissés à eux-mêmes, peuvent
nuire de manière très grave à la cohésion de la société civile
en favorisant la montée de la violence physique, idéologique et de
divers ressentiments. La poussée actuelle des partis extrêmes ou
les fortes tensions inter-communautaires que nous connaissons
actuellement en France comme dans de nombreux autres pays d'Europe en
sont révélateurs.
Il
est donc urgent de réinterpréter correctement et sans a-priori ce
qu'est le volontarisme politique, c'est à dire de le concevoir comme
un équilibre entre la réflexion et l'action. Si la volonté doit en
effet posséder la capacité intrinsèque à dépasser une certaine
représentation afin d'accéder à une autre, ce ne doit pas être
une simple volonté de pouvoir mais une volonté nourrie par des
convictions personnelles et profondes car seules ces convictions sont
en mesure de donner du sens à l'engagement politique et à la vie de
la cité en général. Le Politique doit donc impérativement cesser
d'être un simple récepteur. Les diverses crises existent à toutes
les échelles car aujourd'hui de nombreux responsables persistent à
refuser de comprendre que la société civile demande évidemment à
être écoutée et respectée mais attend également de la part de
ces mêmes responsables une véritable et authentique offre
politique, une capacité d'engagement et de prise de responsabilités
voire de risques. Les peuples ne votent pas pour tel candidat car il
semble plus malléable ou plus à même d'exécuter ce qu'on lui
demande de faire car ces mêmes peuples ressentent le profond et
noble besoin de faire confiance, de se sentir porté, guidé,
accompagné par des profils charismatiques mais surtout avec une
véritable ligne directrice.
L'art du politique est donc de combiner au sein d'une
savante alchimie qui n'existe dans aucun livre, aucune école ou
aucun rapport son offre propre initiale avec la demande et
l'aspiration sociétale afin d'en tirer une offre politique réelle
qui soit en mesure de vérifier deux critères fondamentaux au sein
de la République : la fidélité à ses convictions et engagements
premiers et la capacité à mettre ces mêmes convictions au service
de l'intérêt général. Et pour que cela soit rendu possible, il
est fondamental que la liberté absolue de conscience, en tant que
pilier de l'idéal républicain, puisse être assurée en tout lieu
et en toutes circonstances. En effet, de nos jours, le relais
médiatique constitue un passage impératif pour tout politique
souhaitant présenter ses idées et convictions propres à une
audience la plus large possible. Et force est de constater que toutes
les problématiques, tous les sujets, toutes les thématiques, à
partir du moment où elles respectent les principes universels de
tolérance et d'ouverture d'esprit, ne bénéficient pas de la même
écoute ou de la même crédibilité. Plus précisément, pour
reprendre un lexique employé précédemment, l'existence d'un
paradigme ou d'une certaine approche vis à vis d'un problème donné
ne doit pas nuire à l'existence d'un paradigme ou d'une vision
autre, au nom de la remise en cause et du critère même de
falsifiabilité de Karl Popper.
Le conformisme est la raison essentielle à ce phénomène
et doit donc être combattu avec force et partout car c'est ce combat
qui permettra l'authenticité de forme et de fond du message
politique rendant enfin le volontarisme efficace et vecteur de
progrès !
1 commentaire:
Bonjour,
Très bon article.
Cependant, attention au déséquilibre sociétale que peut engendrer la volonté d'un groupe politique.
Un groupe politique dispose, pour mettre en action ses convictions, d'une architecture sociétale hérité, souvent remodelé au fil du temps et à forte inertie (cf. le Discours de la méthode de Descartes). Cet héritage complexe peut dénaturer les convictions de ce groupe politique (ou leurs efficacités réelles) lors de leur mise en oeuvre.
Pour être efficace, ce groupe politique doit donc idéalement proposer et mettre en place une nouvelle architecture sociétale en accord avec sa vision politique. Or ceci se fait souvent par la violence (putsch, révolutions), qui est le chemin le plus aisé pour imposer sa volonté. Or on quitte un état de droit et de justice dès lors qu'un groupe politique s'impose par la violence sur tout ou partie des individus de la société, même si c'est pour le "bien" de la majorité (cf. l'Allemagne en 1933-45).
Je ne m'exprime pas aussi bien que vous, j'ai un souci avec l'orthographe et ce texte trop court et qui n'est pas assez mûri, est fort mal structuré et manque d'arguments et d'exemples. Je pose juste ces quelques mots pour souligner les dangers de dérive d'une volonté trop forte qui choisit le chemin le plus aisé pour s'imposer.
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