vendredi 16 novembre 2012

Pour un Renouveau du Volontarisme Politique.


Avant toute chose, face à une problématique au lexique si riche, tâchons de définir avec précision et sans ambiguïté les concepts ici évoqués.

Le Volontarisme politique consiste en la conviction que l'action politique, elle-même instrument de la volonté, a vocation à modifier ou faire évoluer la réalité dans son acceptation la plus large, à favoriser le changement de paradigme. En s'inspirant de Schopenhauer, le volontarisme politique prône alors l'ascendant de la volonté sur toute représentation. Ce Volontarisme spécifique ne doit alors aucunement être confondu avec le volontarisme philosophique ou littéraire qui lui, lié à ce qu'on appellera plus tard les «  radicalités existentielles », développe un discours libertarien de méfiance envers tout pouvoir politique et se place donc en opposition radicale avec la première conception ici développée.Ces précisions étant faites, la question est alors de se demander par quels outils et par quels moyens une telle doctrine, une telle conviction, est en mesure d'apporter une réponse concrète et efficace aux divers et préoccupants problèmes soulevés par la crise économique, la crise de la dette et la crise politique.

Afin de répondre à cette question, je me permets de citer préalablement Edmund Burke: « Pour que le mal triomphe seule suffit l'inactivité des gens de bien ». Cette citation est révélatrice à elle seule des mécanisme et dysfonctionnements politiques et idéologiques qui ont rendu possible la situation politique, sociale et économique actuelle que nous connaissons en Occident tout particulièrement. En effet, comment renouer avec le volontarisme politique ? Tout simplement en le comprenant dans sa nature profonde afin de saisir enfin le champ des possibles de ses potentialités et le rendre enfin actif, opératif et plus seulement figuratif ! En effet,l'erreur la plus fatale fut de croire que parce que le volontarisme place par définition la volonté au coeur de son raisonnement, il en exclut nécessairement la raison ! Autrement dit, on oppose l'action d'une part et la réflexion, l'activité intellectuelle d'autre part ce qui revient tout simplement à dissocier le fond de la forme ! Cette dichotomie ne peut mener qu'à l'échec dans le domaine politique et je m'en explique immédiatement :
Les peuples aspirent de toute évidence à voter pour des représentants charismatiques, porteurs d'enthousiasme et d'espoir et ces évidences n'échappent bien évidemment pas à la classe politique dans sa totalité. Cependant, le temps passé en tribune ou en meeting n'est pas du temps passé à l'établissement d'un programme complet, ambitieux et réalisable mais bien au delà de cela, ce n'est également pas du temps consacré à l'édification de sa pensée propre, de son idéologie et pourrais-je même dire, de sa vision de l'Etat, de la République, de l'Europe ou même du Monde. L'importante pression exercée aujourd'hui par les médias sur les Hommes et Femmes à hautes responsabilités ne faisant qu'accentuer ce phénomène.

On comprend alors logiquement que de trop nombreux représentants et candidats politiques soient allés et aillent encore se présenter devant le peuple sans substantifique moelle dans leur pensée,dans leurs idées et dans leurs aspirations. A partir d'un tel point nodal, l'engrenage infernal est lancé... Le Politique n'étant plus en mesure de proposer une offre idéologique, conceptuelle et intellectuelle à destination de l'ensemble de la société civile, il se voit donc réduit au rôle de récepteur de doléances et donc d'exécutant d'une volonté globale dont il ne connait ni la nature réelle ni les ambitions. Mais les choses sont encore plus graves car tous les individus n'ayant pas les mêmes possibilités ou les mêmes aptitudes à faire entendre leurs voix et leurs souhaits, un deuxième déséquilibre qui est celui de la représentativité civile apparaît postérieurement au premier déséquilibre évoqué, touchant la représentativité politique. En un mot, les plus puissants et/ou les plus influents pourront se permettre d'imposer des mesures servant leurs intérêts propres auprès d'un dirigeant devenu je le répète simple récepteur de demandes et qui par absence de pensée propre et stratégie électoraliste, sera considérablement manipulable et nullement en mesure de réagir.

A un tel stade, la démocratie ne peut plus exister car elle est confrontée à une profonde dénaturation de la volonté générale qui devient volonté de certains et dégénère alors en ce que Rousseau dans son Contrat Social qualifie d'ochlocratie. La volonté générale devient alors soit volonté d'un groupe ou volonté de tous. Ainsi donc, on voit que par l'absence de pensée propre, de vecteur d'avenir et d'offre politique conjuguée à une vision strictement à court-terme, suffisante le plus souvent en vue de satisfaire des ambitions personnelles, la représentativité et la crédibilité du politique ne cessent de baisser au cours du temps en favorisant tout naturellement la tutelle de ce même politique à divers groupes, lobbys voire institutions. La Structure actuelle de l'Union Européenne, de type fédérale, favorisant de plus un pouvoir central incarné par la Commission Européenne au détriment des pouvoirs des gouvernements respectifs des Etats-Nations membres de cette union est un exemple révélateur parmi tant d'autres de la situation que je viens de décrire. Mais au delà de cette tutelle déjà inacceptable, la perte de représentativité évoquée précédemment engendre de manière logique un mécontentement voire une colère populaire qui s'ils sont laissés à eux-mêmes, peuvent nuire de manière très grave à la cohésion de la société civile en favorisant la montée de la violence physique, idéologique et de divers ressentiments. La poussée actuelle des partis extrêmes ou les fortes tensions inter-communautaires que nous connaissons actuellement en France comme dans de nombreux autres pays d'Europe en sont révélateurs.

Il est donc urgent de réinterpréter correctement et sans a-priori ce qu'est le volontarisme politique, c'est à dire de le concevoir comme un équilibre entre la réflexion et l'action. Si la volonté doit en effet posséder la capacité intrinsèque à dépasser une certaine représentation afin d'accéder à une autre, ce ne doit pas être une simple volonté de pouvoir mais une volonté nourrie par des convictions personnelles et profondes car seules ces convictions sont en mesure de donner du sens à l'engagement politique et à la vie de la cité en général. Le Politique doit donc impérativement cesser d'être un simple récepteur. Les diverses crises existent à toutes les échelles car aujourd'hui de nombreux responsables persistent à refuser de comprendre que la société civile demande évidemment à être écoutée et respectée mais attend également de la part de ces mêmes responsables une véritable et authentique offre politique, une capacité d'engagement et de prise de responsabilités voire de risques. Les peuples ne votent pas pour tel candidat car il semble plus malléable ou plus à même d'exécuter ce qu'on lui demande de faire car ces mêmes peuples ressentent le profond et noble besoin de faire confiance, de se sentir porté, guidé, accompagné par des profils charismatiques mais surtout avec une véritable ligne directrice.

L'art du politique est donc de combiner au sein d'une savante alchimie qui n'existe dans aucun livre, aucune école ou aucun rapport son offre propre initiale avec la demande et l'aspiration sociétale afin d'en tirer une offre politique réelle qui soit en mesure de vérifier deux critères fondamentaux au sein de la République : la fidélité à ses convictions et engagements premiers et la capacité à mettre ces mêmes convictions au service de l'intérêt général. Et pour que cela soit rendu possible, il est fondamental que la liberté absolue de conscience, en tant que pilier de l'idéal républicain, puisse être assurée en tout lieu et en toutes circonstances. En effet, de nos jours, le relais médiatique constitue un passage impératif pour tout politique souhaitant présenter ses idées et convictions propres à une audience la plus large possible. Et force est de constater que toutes les problématiques, tous les sujets, toutes les thématiques, à partir du moment où elles respectent les principes universels de tolérance et d'ouverture d'esprit, ne bénéficient pas de la même écoute ou de la même crédibilité. Plus précisément, pour reprendre un lexique employé précédemment, l'existence d'un paradigme ou d'une certaine approche vis à vis d'un problème donné ne doit pas nuire à l'existence d'un paradigme ou d'une vision autre, au nom de la remise en cause et du critère même de falsifiabilité de Karl Popper.

Le conformisme est la raison essentielle à ce phénomène et doit donc être combattu avec force et partout car c'est ce combat qui permettra l'authenticité de forme et de fond du message politique rendant enfin le volontarisme efficace et vecteur de progrès !

1 commentaire:

Cinetielle a dit…

Bonjour,

Très bon article.

Cependant, attention au déséquilibre sociétale que peut engendrer la volonté d'un groupe politique.

Un groupe politique dispose, pour mettre en action ses convictions, d'une architecture sociétale hérité, souvent remodelé au fil du temps et à forte inertie (cf. le Discours de la méthode de Descartes). Cet héritage complexe peut dénaturer les convictions de ce groupe politique (ou leurs efficacités réelles) lors de leur mise en oeuvre.

Pour être efficace, ce groupe politique doit donc idéalement proposer et mettre en place une nouvelle architecture sociétale en accord avec sa vision politique. Or ceci se fait souvent par la violence (putsch, révolutions), qui est le chemin le plus aisé pour imposer sa volonté. Or on quitte un état de droit et de justice dès lors qu'un groupe politique s'impose par la violence sur tout ou partie des individus de la société, même si c'est pour le "bien" de la majorité (cf. l'Allemagne en 1933-45).

Je ne m'exprime pas aussi bien que vous, j'ai un souci avec l'orthographe et ce texte trop court et qui n'est pas assez mûri, est fort mal structuré et manque d'arguments et d'exemples. Je pose juste ces quelques mots pour souligner les dangers de dérive d'une volonté trop forte qui choisit le chemin le plus aisé pour s'imposer.