mercredi 18 janvier 2012

Un nouvel Ordre Mondial... Oui, mais lequel ?



Depuis à présent plusieurs années, la thématique du nouvel ordre mondial est devenue un archétype idéologique au sein de nombreux débats politiques et sociaux, dépassant assez aisément le clivage politicien droite-gauche, mettant d'accord une part non négligeable des élites politiques contemporaines, à un tel point que les opposants à cette idée sont souvent assimilés comme sympathisants extrémistes de droite comme de gauche, indiquant déjà la qualité de la liberté d'expression... La société actuelle, perçue par la plupart plus
comme source de marasme qu'autre chose, laisserait penser que ce nouvel ordre mettrait tout le monde d'accord dans le principe car représentant un changement radical de notre
société. Certes, mais vers quelle société souhaitons-nous évoluer ?

Qui n'a jamais entendu la maxime " Les problèmes de l'humanité doivent être résolus par l'humanité toute entière " ? Cette affirmation, justifiant la construction et l'établissement de blocs politiques tels que l'Union Européenne bien sûr, mais également l'Alena, le Mercosur ou encore, l'hypothétique Union Méditerranéenne. Cependant, ces unions ont-elles pour but de régler les problèmes à l'échelle planétaire tels que l'analphabétisation, le non accès à l'eau potable, la progression du vih ... ? Rappelons seulement que notre Union Européenne a pour ancêtre la communauté économique du charbon et de l'acier, que l'Alena ne désigne rien d'autre que l' " Accord de libre échange nord-américain " et qu'enfin, le Mercosur fut fondé en 1991 dans l'unique but de favoriser la libre circulation des biens et des facteurs de production dans une large partie de l'Amérique du sud. Autrement dit, par ces sous-entendus que j'espère percutants, je souhaite faire comprendre que ces unions n'ont d'intérêts que commerciaux et financiers. Comprenez bien, quand on se connait parfaitement, on a nettement plus tendance à se faire confiance pour toutes sortes de transactions. Certes, me direz-vous, de telles zones de libre échange ont aussi des impacts positifs : elles permettent d'équilibrer la balance du commerce extérieur, de renforcer la diplomatie, d'ouvrir vers l'autre, de créer de la croissance... Je suis absolument d'accord avec vous ! L'industrie d'un pays doit vivre, produire et bien évidemment vendre, acquérir une réputation et engendrer une dynamique. Cette dynamique peut très bien exister à l'échelle nationale, mais avec l'établissement de solides partenariats internationaux , la dite industrie pourra prospérer plus facilement.

Cependant, l'existence de ces partenariats n'est pas un problème en soi, le problème, c'est de se demander si ils constituent des finalités. Et là, le véritable problème se pose. Pour les raisons ( non exhaustives) qui viennent d'être énoncées précédemment, nous tendons de plus en plus vers la globalisation. Mais s'est-on déjà interrogé sur les conséquences que cela pourrait avoir ? Que fait-on de la marchandisation systématique qui s'en suivra des biens et des personnes ? Ne parlons-nous pas déjà au sein du monde de l'entreprise de "
Ressources Humaines " ? Si le système actuel d'internationalisme financier se poursuit et même s'intensifie, les êtres humains, le savoir, les connaissances, l'eau potable deviendront par exemple de purs produits marchands et la notion pourtant si symbolique de " Patrimoine commun de L'Humanité " disparaîtra. Déjà, actuellement, les élèves français comme ceux d'autres pays se voient comme des clients qui pourraient faire leur marché au sein des offres de cours proposées, aspirations auxquelles répondent favorablement les
gouvernements dont le nôtre qui impose une réforme du Lycée ( en attendant celle du collège) " à la carte". Pourra-t-on encore longtemps poursuivre dans cette logique de la marchandisation systématique au sein d'un espace géographique devenu très flou où l'échelle locale est maintenue en vie artificiellement à l'aide d'une législation bureaucratique obscure mais où en réalité le concept d'Etat-Nation, si cher à Ernest Renan, et seul cadre viable pour une politique efficace et humaniste, est chaque jour bafoué, méprisé et écrasé face à une dynamique du " toujours plus grand", " toujours plus étendu " favorisant les nominations technocratiques évitant le filtre du suffrage universel ? Où sont les intérêts des peuples ? Où est le respect de la démocratie, de la république et du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes ? Ce nouvel ordre mondial se voudrait universaliste avec ses mots-valises de " Citoyen du Monde" ou de " Monde-Village", mais il confond universalisme et impérialisme idéologique ! Il semblait logique il y a encore plusieurs décennies que
certaines valeurs, certains patrimoines ne pourraient jamais être abaissés au niveau de la pensée marchande, de l'évaluation monétaire et quantitative. Aujourd'hui, ces aspirations semblent bien naïves et on se demande ce qui pourrait résister à cet état d'esprit.

Si nous laissons les valeurs, les us, les coutumes et les cultures respectives de tous les états du monde être brassées sans état-d'âme en un magma dénaturé, uniformisé et médiocre à échelle planétaire, nous pourrons dire adieu à notre statut de citoyen responsable pour devenir de serviles consommateurs et victimes d'un système dont le but réel n'est autre que l'aliénation. Mais il n'est pas encore trop tard pour inverser cet élan, nous aurons simplement besoin de courage, de volonté et d'une certaine idée de l'Homme !

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